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    L’Actu vue par Remaides : « Sérophobie : des outils pour faire valoir ses droits »

    • Actualité
    • 07.04.2025

     

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    Une campagne réalisée sur et par Seronet pour lutter contre la sérophobie.
    DR.

    Par Jean-François Laforgerie

    Spécial Sérophobie :
    des outils pour faire valoir
    ses droits

    De la saisine des services de la Défenseure des droits (DDD) à l’accompagnement juridique, en passant par des campagnes de sensibilisation, des outils existent pour lutter contre la sérophobie. L’Actu vue par Remaides fait le point sur les moyens concrets pour faire valoir ses droits et changer les mentalités face à la sérophobie.

    Discrimination sérophobe : saisir la Défenseure des droits (DDD)

    On peut saisir les services de la DDD en cas de discrimination. La discrimination est une situation définie par la loi. C’est le fait d’être moins bien traité à cause d’un critère interdit par la loi et dans un domaine prévu par la loi. Par exemple, quand on refuse la location d’un appartement à une personne en raison de sa couleur de peau, ou qu’on refuse l’accès à un service en raison d’un handicap ou de l’état de santé (le fait de vivre avec le VIH…), etc.
    On peut saisir la DDD selon cinq modalités :
    - par téléphone au 09 69 39 00 00 (du lundi au vendredi de 8h30 à 19h30 ;
    - en rencontrant un-e délégué-e dans sa région (il y en a 570 dans toute la France) ;
    - en adressant un courrier (non timbré) à cette adresse : Défenseur des droits. Libre réponse 71120. 75342 Paris CEDEX 07 ;
    - avec le service Acceo si vous êtes une personne sourde ou malentendante :
    - par demande sur internet, via un formulaire en ligne sur le site de l’institution.
    Un onglet est dédié aux discriminations.

    Prendre conseil auprès de lignes juridiques et associatives

    Santé Info Droits (France Assos Santé)
    C'est une ligne d’informations juridiques et sociales constituée de juristes et avocats-es qui ont vocation à répondre à toutes questions en lien avec le droit de la santé. Elle traite donc des refus de soins et des discriminations dans ce champ. - Santé Info Droits est joignable par Internet et par téléphone au 01 53 62 40 30 (prix d’une communication normale). La ligne est joignable les lundis, mercredis et vendredis : 14h-18h et les mardis et jeudis : 14h-20h. Les réponses aux demandes par Internet se font sous 15 jours.

    Sida Info Droit (une ligne de Sida Info Service)
    Elle est joignable au 0 810 636 636). Cette ligne traite de toute question juridique et sociale sur le VIH/sida. Des avocats-es spécialistes répondent à toutes les questions juridiques et sociales ayant un lien direct avec le VIH/sida. Cet espace s’adresse à toutes les personnes concernées, à leurs proches et plus largement aux membres d’association et aux professionnels-les du secteur sanitaire et social. La ligne est ouverte les lundis de 17 h à 21 h et les vendredis de 9 h 30 à 13 h 30.

    Ligne d’écoute et d’information d’Actions Traitements
    La ligne est ouverte du lundi au jeudi de 15h à 18h au 01 43 67 00 00 ou par mail, sept jours sur sept Discriminations dans le parcours de soins : comment agir ?, une brochure pour réagir et être accompagné-e Les personnes vivant avec le VIH consultent régulièrement des professionnels-les de santé. « Dans une très large majorité des cas, cela se déroule de façon efficace et sans discrimination. En revanche, vous pouvez parfois faire face à des paroles ou des attitudes déplacées, ou stigmatisantes, liées à votre statut sérologique. Ces discriminations, qui peuvent prendre la forme de refus de soins, s’apparentent à de la sérophobie et c’est une réalité pour de nombreuses personnes vivant avec le VIH aujourd’hui », explique Actions Traitements. L’association a dirigé la création de cette brochure qui a vocation d’aider les PVVIH « à mieux appréhender ces situations de discriminations, afin d’y faire face. C’est également un outil que vous pouvez utiliser pour échanger avec les professionnels-les de santé que vous rencontrez dans votre parcours ». Présentation dans le détail en page 37 de ce numéro.

    Un observatoire de la sérophobie
    Le Réseau Santé Marseille Sud qui lutte contre la sérophobie depuis des années, vient de lancer un Observatoire de la sérophobie pour recenser auprès des victimes des situations récentes (entre 2019 et 2024), les informer sur leurs droits et les accompagner. L’observatoire entend produire des outils de lutte et construire un plaidoyer contre la sérophobie.

    Un accompagnement par des associations
    La plupart des associations de lutte contre le sida proposent une écoute et un accompagnement aux personnes victimes de discriminations sérophobes. Elles peuvent apporter leur aide dans les procédures (par exemple, dans le cadre de saisines du conseil de l’Ordre des médecins ou de celui des dentistes) ; certaines ont réalisé des courriers type pour dénoncer les refus de soins sérophobes. D’autres proposent des orientations vers des juristes. Tous les lieux de mobilisation de AIDES ont la capacité d’accueillir les personnes de victimes de propos ou actes sérophobes. Un accompagnement individuel est proposé, parfois en lien avec le secteur plaidoyer de l’association selon la complexité de la situation. Certaines proposent des groupes d’auto-support qui permettent d’échanger sur ce qui a été vécu, les répercussions et les outils pour les surmonter. Plusieurs associations (AIDES, Élus locaux contre le sida, Act Up-Paris, Actions Traitements, etc.) ont mené, à titre individuel ou collectif, un important travail de plaidoyer sur différents sujets permettant des avancées majeures sur de la sérophobie structurelle voire institutionnelle : soins funéraires, accès au crédit et aux assurances, critères de santé pour des carrières dans l’armée, la police ou la gendarmerie, accès à l’école de magistrature ou à celle des métiers du cirque, etc.

    Des initiatives pour faire changer les mentalités
     

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    Outre les outils contre la sérophobie, en nombre restreint, pour faire valoir ses droits et obtenir une réparation du préjudice subi, différentes initiatives ont été prises ces dernières années pour changer les mentalités et rendre la sérophobie moins prégnante dans la société. En 2021, AIDES a lancé sa première Journée de lutte contre la sérophobie : #STOPSÉROPHOBIE, dont le site Seronet (arrêté fin 2024) a été le fer de lance ; deux journées annuelles ont suivi jusqu’en 2023. En 2023, la campagne s’est appuyée sur le fait que la « sérophobie se glisse souvent dans des attitudes ou des petites phrases que l’on pense anodines (« T’es clean ? »). La campagne interpellait toutes les personnes sur les réseaux sociaux sous la forme d’un questionnaire : « Avez-vous peur d’avoir une relation sexuelle non protégée avec une personne vivant avec le VIH ? Estimez-vous qu’une personne séropositive indétectable doit impérativement divulguer son statut sérologique à ses partenaires avant tout rapport sexuel ?  Demandez-vous fréquemment à vos partenaires si elles et ils sont “clean” pour s’enquérir de leur statut sérologique ?  Si vous avez répondu OUI à au moins une de ces trois questions, vous êtes probablement atteint-e de sérophobie qui s’ignore. Le remède ? Rester sur cette page et lire les lignes qui suivent… » Etaient alors proposés différents messages, dont le principal était qu’une personne porteuse du VIH sous traitement efficace ne transmet pas le virus ». Autre initiative, celle du CRIPS Île-de-France en 2021.
    Cette fois, l’association s’appuie sur les résultats de plusieurs enquêtes qui « démontrent le maintien des représentations, des fausses croyances et autres préjugés qui nourrissent un niveau élevé de discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH ». Le CRIPS Île-de-France lance alors son projet VIVRE. « Devant la caméra de Dominique Thiery [ancien rédacteur en chef de Remaides, ndlr], Bernard, Fred, Jérémy, Giovanna et Ramona ont accepté de témoigner, à cœur ouvert, de leur vie avec le VIH (…) Cinq témoignages qui nous poussent à réfléchir aux manières de lutter, ensemble, contre la sérophobie. Cinq témoignages qui sont autant d’outils pour faire évoluer les mentalités et pour faire changer le regard », explique l’association. Les cinq témoignages sont en libre accès ici : https://www.lecrips-idf.net/campagne-lutte-serophobie-vivre La plupart des associations de lutte contre le sida ont travaillé et travaillent encore aux enjeux que posent les discriminations, notamment sérophobes. Cela peut prendre la forme de sondages et d’études permettant de mesurer l’état de l’opinion sur la question, de commissions dédiées (comme celle sur LGBTIphobies et la sérophobie créée par Act- Up-Paris…) ou encore de tribunes dans les médias grand public. On en a un bon exemple avec la tribune, publiée le 1er décembre 2021 par Sylvie Carillon, présidente du CRIPS Île-de-France, qui enjoint de « renforcer l’éducation à la sexualité pour lutter contre la sérophobie. »