L’Actu vue par Remaides : « Baromètre 2025 des droits des personnes malades : des hauts et des bas ! »
- Actualité
- 06.04.2025
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Par Jean-François Laforgerie
Baromètre 2025 des droits
des personnes malades :
des hauts et des bas !
Des hauts et des bas ! Une édition contrastée en somme. C’est ce qui ressort de la lecture des résultats du baromètre 2025 des droits des personnes malades que France Assos Santé publie ce 31 mars. Voici quelques éléments sur les grandes lignes de l’enquête réalisée en partenariat avec l’institut BVA Xsight.
D’un côté, des Français-ses qui sont toujours mieux informés-es en matière de santé, de l’autre, une connaissance des droits qui stagne, voire recule pour certains d’entre eux-elles. Les résultats du baromètre 2025 des droits des personnes malades de France Assos Santé (FAS) en partenariat avec BVA Xsight dessinent une France de la Santé divisée.
Un niveau d'information jamais atteint
Pour la première fois depuis 2022, le sentiment d’être informé-e dépasse les 70 % pour chacun des huit items déclinés dans l’enquête (expérience avec le système de santé, coût des soins, traitements en lien avec son état de santé, etc.). Les modalités d’accès au dossier médical n’ont plus de secret pour 76 % des Français-es, soit le taux le plus haut jamais atteint à ce jour dans ce baromètre. Il était de 72 % en 2024. Autre bond qui témoigne de la progressive acculturation des Français-es dans ce domaine, celui qui concerne les outils numériques, avec un score de 72 %, et même de 79 % chez les 18-24 ans. C’est 18 points de plus qu’en 2022, note BVA Xsight. « Un bel essor donc, même s’il reste encore des marges de progression. D’autant que cette dynamique ne se retrouve pas forcément dans tous les compartiments de l’enquête », note (FAS).
Des droits inégalement connus
C’est notamment le cas avec les droits des personnes malades. S’ils restent connus par une majorité des Français-es, ils obtiennent une moyenne de 8,3 sur 13, en très léger repli par rapport à 2024 qui affichait un score de 8,9 sur 13. « Rien de signifiant au global, mais une tendance tout de même à l’effritement, en particulier pour cinq de ces droits, qui concernent le respect du secret médical, le soulagement de la douleur, un accès égal aux soins sans discrimination, le refus ou l’interruption un traitement et l’engagement d’un recours pour une indemnisation en cas de problème grave lié aux soins, avec pour ce dernier une chute de dix points en un an ― en 2024, les sondés étaient 57 % à en avoir entendu parler, contre 47 % aujourd’hui », indiquent les auteurs-rices de l’enquête.
Dans le même temps, certains droits restent encore trop peu connus du public, comme le droit de modification et d’opposition sur l’utilisation de ses données de santé (47 %). En ce qui concerne la représentation des usagers-ères du système de soins, même constat : peut mieux faire. Seuls 33 % des Français-es savent qu’il existe des personnes à même de les représenter, notamment à l’hôpital, et de les soutenir en cas de problème dans leur prise en charge. Chiffre pas assez élevé, mais en légère hausse (+ 5 points) par rapport à 2024, note le baromètre.
« L’application de l’ensemble de ces droits est, cette année encore, jugée satisfaisante par les personnes qui les connaissent et sont concernées. L’occasion de souligner que d’importantes disparités se font jour, selon le profil socio-économique des répondants », indiquent les auteurs-rices.
La fin de vie passée sous silence
Le sujet de la fin de vie a beau faire débat depuis plus d’un an, certains des droits qui s’y rapportent restent paradoxalement méconnus. En résumé, 47 % des Français-es n’ont jamais entendu parler du droit à rédiger des directives anticipées pour sa fin de vie ― en retrait de cinq points par rapport à 2024 ―, 39 % ignorent le droit à bénéficier de soins palliatifs et 51 % ne connaissent pas le droit à bénéficier d’une sédation profonde et continue jusqu’au décès, pourtant inscrit dans la loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016.
Trois résultats qui témoignent d’un « manque d’information patent » sur les droits spécifiques à la fin de vie ― même si le baromètre fait état d’un net décalage entre les plus jeunes, peu informés-es, et les personnes de 50 ans et plus, les patients-es en affection de longue durée (ALD) ou encore les personnes qui vivent dans les campagnes.
Accès à un médecin et pénuries de médicaments : rien ne bouge
C’est « toujours la lune de miel » entre les Français-es et les professionnels-les de santé : 90 % des personnes interrogées sont satisfaites de leurs relations avec les soignants-es et, pour 87 % de ces personnes, des soins reçus, comme en 2024. Mais comme en 2024, la difficulté d’accès à un-e professionnel-le de santé reste d’actualité. Pour 37 % des Français-es, « l’obtention d’un rendez-vous s’apparente à une expérience négative, et même très négative pour 13 % » d’entre eux-elles.
Autre point noir, lui aussi inchangé : les pénuries de médicaments. Elles concernent 39 % des Français-es (près de quatre sur dix) et jusqu’à 53 % chez les personnes en ALD. Et dans plus d’un tiers des cas (35 %), exactement comme l’an passé, aucune alternative n’a été proposée. « Un chiffre dont la répétition rend plus inadmissible encore la non-application de la loi en matière de pénuries », explique FAS. « En conclusion, il est impératif de continuer à défendre un accès large et équitable tant aux soins qu’à l’information sur les droits des personnes malades ». C’est dans cet objectif qu’a été récemment lancé « Soigne tes droits », le nouveau rendez-vous annuel de France Assos Santé, dans lequel s’inscrit la publication de ce baromètre dont les résultats complets sont consultables ici.
Des difficultés d'accès à l'emprunt
Un-e Français-e sur deux fait part de difficultés pour obtenir un crédit immobilier en raison de l’état de santé, un chiffre en légère baisse par rapport à 2024. Les personnes souffrant d'une ALD sont particulièrement touchées. Le baromètre 2025 indique que 21% des Français-es (ou leurs proches) ont rencontré des difficultés dans le cadre d’un crédit immobilier pour des raisons de santé. Ce chiffre était de 25 % en 2024, de 24 % en 2023 et de 24 % en 2022. Le taux monte à 30 % concernant les personnes en affections de longue durée. Les grilles de référence et la convention AREAS restent les dispositifs les moins bien connus. Une grande méconnaissance des dispositifs persiste : plus de la moitié des Français-es n'ont jamais entendu parler de différentes mesures comme le « droit à l’oubli » qui permet aux anciens malades du cancer de ne pas déclarer cette maladie à l'assureur lors d'une demande de crédit ; la disparition des questionnaires de santé exigés par les assureurs lors d’une demande de crédit (mesure en vigueur lorsque la part assurée par personne est inférieure ou égale à 200 000 euros) ; de la convention AERAS : S’Assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé. Bilan : 56 % des Français-es n’ont entendu parler d’aucune de ces mesures : un score supérieur chez les moins de 35 ans (68 %) et chez les habitants-es d’Île-de-France (64 %).
Enquête réalisée par téléphone du 4 au 15 février 2025. Échantillon de 1 303 personnes, âgées de 15 ans et plus, représentatif de la population résidant sur le territoire français (hexagone et DROM). La représentativité de l’échantillon a été assurée grâce à la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, profession de l’interviewé et de la personne de référence du ménage, région et catégorie d’agglomération.