L’Actu vue par Remaides : « Prise en charge des enfants/adolescents-es vivant avec le VIH » : les nouvelles recos »
- Actualité
- 02.03.2025
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Par Fred Lebreton
Prise en charge des enfants et adolescents-es vivant avec le VIH :
les nouvelles recos d'experts-es
En juin 2024, l’actualisation des nouvelles Recommandations françaises de prise en charge du VIH, des hépatites virales, et des IST a été publiée, chapitre par chapitre. Les travaux sont réalisés sous l’égide de l’ANRS ǀ Mie et du CNS (Conseil national du sida et des hépatites virales), avec la participation de la HAS (Haute autorité de santé) pour les chapitres ayant trait aux aspects de « thérapeutique anti-infectieuse, curative et préventive ». C’est le cas du chapitre « Prise en charge de l’enfant et de l’adolescent vivant avec le VIH », publié mi-juin sur le site du CNS. La rédaction de Remaides décrypte les infos essentielles à retenir.
Très peu de transmissions de la mère à l'enfant en France
Une bonne nouvelle pour commencer : grâce à la prescription et à l’efficacité du traitement antirétroviral, en prévention de la transmission mère-enfant du VIH, le nombre d’infections périnatales est devenu très faible en France. La cohorte nationale prospective EPF CO1-CO11 a enregistré 88 infections entre 2000 et 2010, et dix entre 2011 et 2020, sur un suivi d’environ 1 000 femmes vivant avec le VIH par an. Dans le cadre de la transmission mère-enfant du VIH, Santé publique France a enregistré 200 nouveaux diagnostics d’infection entre 2010 et 2020. La majorité des enfants venait de pays de forte endémie, essentiellement d’Afrique subsaharienne, mais 55 étaient nés-es en France, dont 46 entre 2011 et 2020. Bien que rares, quelques diagnostics tardifs, parfois au stade sida, sont aussi effectués chez des enfants nés-es en France dont les mères ont échappé au dépistage ; par exemple, dans le cadre d’une sérologie VIH non faite pendant la grossesse ou d’une primo-infection maternelle en cours de grossesse ou lors de l’allaitement.
Transmission par voie sexuelle chez les adolescents-es
Parfois les enfants nés-es à l’étranger ont déjà été traités-es dans leur pays d’origine et sont porteurs-ses de virus multi-résistants. Mais actuellement, la grande majorité des cas d’infections pédiatriques relève d’une transmission sexuelle, aussi bien chez des jeunes nés-es en France qu’à l’étranger. Au diagnostic d’infection à VIH, 471 des 848 cas pédiatriques notifiés à Santé publique France entre 2010 et 2020 concernaient des personnes entre 15 et 18 ans. Elles étaient très majoritairement infectées par voie sexuelle. L’évolution de l’infection pédiatrique en France est donc marquée par une proportion croissante d’adolescents-es liés à ces cas et à l’avancée en âge des enfants infectés-es par transmission mère-enfant. Outre les difficultés de prise en charge thérapeutique et psychologique, se pose le problème de la transition en service d’adultes qui nécessite une collaboration étroite entre les structures pédiatriques et celles suivant les adultes. Les adolescents-es infectés-es par voie sexuelle sont pour la plupart suivis-es d’emblée en médecine adulte.
Compte-tenu du « vieillissement » de la population et de la rareté des nouvelles inclusions, la cohorte périnatale des enfants VVIH ANRS-EPF CO10 comptait 208 enfants de moins de 18 ans lors de sa dernière évaluation en 2018, certains critères tels que la notion d’un traitement antérieur pour des enfants nés-es à l’étranger, ou des problèmes d’ordre social limitant l’inclusion dans cette cohorte. Ainsi, on peut évaluer à moins de 500 le nombre d’enfants pris-es en charge en 2023 par les services pédiatriques spécialisés alors qu’un nombre croissant de jeunes entre 18 et 35 ans relèvent de services adultes avec une prise en compte de leur problématique spécifique. « Dans tous les cas en pédiatrie, la complexité du traitement, l’évolution rapide des connaissances, la nécessité d’une prise en charge multidisciplinaire notamment psychosociale adaptée et le faible nombre d’enfants vivant avec le VIH en France, imposent que le suivi thérapeutique soit effectué dans un centre spécialisé », préconisent les experts-es.
Particularités de la prise en charge psychologique et sociale des enfants et adolescents-es vivant avec le VIH
L’annonce du diagnostic à l’enfant est fondée sur le principe d’une information progressive en fonction de son âge, de son développement et de sa maturité.
« L’adolescence est presque toujours une période difficile, pour l’appropriation du diagnostic et de ses implications et pour l’observance thérapeutique. La mise en place d’un accompagnement psychologique et social permet de soutenir les familles, les enfants, et les adolescents. Une bonne coordination est nécessaire entre les structures pédiatriques et adultes pour la transition », recommandent les experts-es.
De façon générale, les objectifs et principes généraux de prise en charge chez les enfants et adolescents-es vivant avec le VIH sont les mêmes que chez les adultes, mais avec des particularités pédiatriques dans l’utilisation des antirétroviraux. En effet, le choix est limité chez l’enfant par manque de versions adaptées des traitements (certains comprimés sont trop dosés pour le poids, la corpulence d’un-e enfant et n’existent pas en versions pour enfants). « Un suivi attentif de l’efficacité du traitement antirétroviral, de sa tolérance et de l’observance sont nécessaires. Une adaptation des modalités de prise des médicaments et une simplification pourront être proposées pour faciliter la vie de l’enfant ou adolescent et ainsi favoriser l’observance », recommandent les experts-es. Enfin, les experts-es ajoutent que « la période de l’adolescence est à risque d’inobservance [du traitement]. Il est donc recommandé de choisir des traitements pour lesquels le risque d’émergence de résistance est faible et en privilégiant les schémas avec une prise unique journalière ».
Pour retrouver l’intégralité des recommandations du Rapport d’experts-es.