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    L’Actu vue par Remaides : « Grippe, Covid : nouvelle campagne de vaccination, le 15 octobre »

    • Actualité
    • 04.10.2024

    virus covid recherche

    Par Jean-François Laforgerie
     

    Grippe, Covid-19 : nouvelle campagne de vaccination, le 15 octobre

    Période riche pour les informations dans le champ de la santé et du social. La nouvelle campagne officielle de vaccination contre la grippe et la Covid-19 va démarrer le 15 octobre. Résistance aux antibiotiques, le sujet préoccupe de plus en plus les experts-es qui se demandent si nous n’allons pas dans l’avenir vers un « scénario noir ». De son côté, l’OIT vient de publier un rapport sur la protection sociale dans le monde. Côté français, une étude du Cevipof montre, sur la base des dernières élections que le vote RN « s'est durablement installé au sein des fonctions publiques » y compris dans la fonction hospitalière. Intéressant aussi, le rapport produit par la HAS qui dresse le bilan 2023 sur les évènements indésirables graves associés aux soins. Par ailleurs, l’Anses a publié une note sur les risques et impacts concernant les maladies transmises par le moustique tigre ; elles augmentent en France, y compris dans l’Hexagone. La rédaction de Remaides fait le point sur l’actu Santé et Social.
     

    Grippe, Covid : une nouvelle campagne de vaccination, le 15 octobre 2024

    Le ministère de la Santé et de la Prévention a publié le 7 août dernier une note d’information qui détaille les modalités de la campagne nationale de vaccination 2024-2025 contre la grippe saisonnière et la Covid-19. Comme la saison précédente, ces deux campagnes seront menées conjointement. La campagne de vaccination contre la grippe et celle contre la Covid-19 débuteront, pour les publics prioritaires, le mardi 15 octobre 2024 dans l’hexagone, en Guadeloupe, à la Martinique et en Guyane, et dès le 10 septembre 2024 à Mayotte. Néanmoins, s’il y avait une nouvelle vague épidémique de Covid-19, la campagne de vaccination contre cette maladie pourrait être avancée.
    Qui pourra en bénéficier ?
    Les personnes jugées prioritaires dans les recommandations de vaccination contre la grippe et le Covid-19 qui figurent dans le calendrier des vaccinations après avis de la Haute autorité de santé (HAS). La liste est détaillée dans ce document (pages 11 et 16).
    Les cibles de la campagne de vaccination contre la Covid-19 sont les suivantes ; ce sont les mêmes que pour la grippe :
    - Toutes les personnes âgées de 65 ans et plus ;
    - Les personnes, âgées de six mois ou plus, atteintes de comorbidités ayant un risque plus élevé de forme grave de la maladie (hypertension artérielle compliquée, maladies chroniques cardiaques, vasculaires, hépatiques, rénales, pulmonaires, diabète, obésité, cancers, personnes ayant subi une greffe d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques, personnes atteintes de trisomie 21 ou de troubles psychiatriques ou de démence) ;
    - Les personnes immunodéprimées ;
    - Les femmes enceintes ;
    - Les résidents en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et unités de soins de longue durée (USDL) ;
    - Les personnes à très haut risque de forme grave selon chaque situation médicale individuelle et dans le cadre d’une décision partagée avec les équipes soignantes ;
    - Les personnes vivant dans l’entourage ou en contacts réguliers avec des personnes immunodéprimées ou vulnérables, y compris les professionnels des secteurs sanitaire et médicosocial.
    Pour la campagne 2024-2025, il n’est pas prévu de période de priorisation pour les personnes ciblées par les recommandations de vaccination contre la grippe ou le Covid-19. Les personnes éligibles pourront recevoir les deux vaccinations, soit de manière concomitante, sur deux sites d’injection différents (sur un même bras mais suffisamment espacées ou sur deux bras différents), soit de manière séquencée (un jour un premier vaccin ; le second un autre jour, une semaine plus tard…). Si les deux vaccins ne sont pas administrés au même moment, il n’y a pas de délai à respecter entre les deux vaccinations. Et la DGS de rappeler qu’une surveillance de 15 minutes est indiquée après l’injection (en cas d’effet indésirable du traitement).
    Qui pourra vacciner ?
    Les mêmes professionnels-les que les années précédentes : médecins, pharmaciens-nes, infirmiers-ères, etc. Plusieurs textes réglementaires devraient prochainement élargir les compétences des pharmaciens-nes, sages-femmes et infirmiers-ères en matière de vaccination contre la Covid-19 dans le droit commun. Ainsi, les pharmaciens-nes exerçant en officine, en pharmacies à usage intérieur ou en laboratoires de biologie médicale et les infirmiers-ères pourraient prescrire et administrer le vaccin contre la Covid-19 aux personnes âgées de 5 ans et plus, qu’elles soient ciblées ou non par les recommandations (ce qui est déjà le cas pour la grippe chez les plus de 11 ans). L’objectif est, tout en assurant la sécurité de la vaccination, de proposer beaucoup plus d’opportunités de vaccination avec un panel plus large de professionnels-les.
    Avec quels vaccins ?
    Les différents vaccins contre la grippe disponibles pour la prochaine campagne sont précisés dans le document de la DGS. Il s’agit de :
    - Vaxigrip Tetra : indiqué chez l’adulte et l’enfant à partir de 6 mois ;
    - Influvac Tetra : indiqué chez l’adulte et l’enfant à partir de 6 mois ;
    - Fluarix Tetra : indiqué chez l’adulte et l’enfant à partir de 6 mois.
    Pour la Covid-19, Il est toujours recommandé d’utiliser préférentiellement les vaccins à ARNm. Des vaccins adaptés aux variants en circulation seront disponibles. Le 18 septembre, le Quotidien du Médecin expliquait dans un de ses articles que « le laboratoire Pfizer a obtenu, le 3 juillet 2024, l’autorisation de mise sur le marché pour ses nouveaux vaccins monovalents adaptés au variant circulant JN.1. De fait, dans un but de simplification des circuits de distribution, le vaccin Comirnaty JN.1 sera le seul vaccin à ARNm distribué durant la campagne hivernale et les vaccins Nuvaxovid, Spikevax et VidPrevtyn Beta ne seront pas proposés à la commande ».
    Les informations sur les vaccins disponibles, leurs présentations (monodoses ou multidoses) et leurs circuits respectifs d'approvisionnement feront prochainement l’objet d’une information dite DGS Urgent (à venir).
    Par ailleurs, un dispositif de suivi sera mis en place pendant toute la durée de la campagne de vaccination.

    Résistance aux antibiotiques : le "scénario noir" ?

    Plus de 39 millions de personnes dans le monde risquent de mourir « directement » du fait de bactéries résistantes aux antibiotiques ces 25 prochaines années, selon une étude de modélisation publiée (17 septembre) dans la revue médicale The Lancet. La revue scientifique juge cependant qu’il est encore possible d'éviter ce « scénario noir », indique l’AFP. Alors que ces médicaments antibiotiques sont de plus en plus utilisés, certaines bactéries développent des mécanismes génétiques de défense et ne réagissent plus aux traitements. Un phénomène qui n’est pas nouveau, mais qui devrait s’amplifier dans les prochaines années. Selon les projections, le nombre de décès liés à ces bactéries résistantes pourrait ainsi augmenter de 70% d’ici à 2050. Aujourd’hui, l'antibiorésistance entraine déjà 5 500 décès par an en France, rappelle l’AFP. Cette étude concerne plus de 200 pays ; elle est la plus vaste jamais menée dans le monde. Pour la première fois, elle évalue l'impact de l'antiobiorésistance à travers le temps et tente d'en estimer l'évolution.

    Le vote RN "s'est durablement installé au sein des fonctions publiques", y compris dans la fonction publique hospitalière

    Le vote RN « s'est durablement installé au sein des fonctions publiques »
    Une étude du Cevipof (Sciences po), publiée mi-septembre, analyse les résultats des élections européennes et législatives et tire une conclusion claire : traditionnellement ancrés-es à gauche, les électeurs-rices des trois fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière) sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le Rassemblement national. Cette note de recherche porte sur le « vote des fonctionnaires aux élections de 2024 » ou a pour sous-titre : « la fin de la gauche d’État ». La note qui a été dirigée et rédigée par Luc Rouban, directeur de recherche CNRS, explique que le « vote RN s’est (…) durablement installé au sein des fonctions publiques et l’évolution vers ce choix électoral, observée depuis 2012, n’a cessé de se confirmer ».
    L’étude analyse les résultats du premier tour des législatives. « Si la radicalisation menée tambour battant par LFI [France Insoumise] a desservi la gauche, un autre jeu s’est joué du côté des droites radicales. La diversification de l’offre d’extrême-droite au-delà du RN par les listes Reconquête ! [Éric Zemmour] et souverainistes avait permis à la radicalité de droite de s’affirmer aux européennes, attirant 33 % des voix dans la FPE [fonction publique d’État], et 17% des voix des enseignants, comme 34 % des voix dans la FPT [fonction publique territoriale] et la FPH [fonction publique hospitalière]. Lors des législatives, on observe un certain recentrage autour de LR [les Républicains], dont les résultats sont meilleurs que ceux obtenus lors des européennes, et cela quels que soient les professions ou les secteurs, ce qui peut s’expliquer par la bonne implantation locale de ses candidats, notables reconnus. Si l’offre de Reconquête ! s’est affaiblie, ne permettant pas de dépasser 1 % des suffrages exprimés, l’arrivée de candidats LR alliés du RN sous la houlette d’Éric Ciotti, a déplacé le centre de gravité des droites radicales, brouillant les frontières entre droite et extrême-droite. Les niveaux de vote pour l’ensemble des droites radicales (soit le RN, LR allié au RN et Reconquête !) restent donc à peu près stables aux législatives que ce soit dans la FPE (31 %), dans la FPT (33 %) ou la FPH (34 %), ou parmi les salariés du privé (38 %) », explique l’étude.
    Que s’est-il passé au second tour des législatives ? « Au second tour des élections législatives, la mise en place d’un « front républicain » pour organiser des désistements systématiques afin de concentrer sur un candidat les oppositions au RN a bien fonctionné (…) Mais l’étude du second tour en termes de voix montre bien que le RN a néanmoins attiré à lui des proportions importantes d’électeurs y compris au sein des fonctions publiques où son résultat électoral s’avère historique puisqu’il réunit 36% des suffrages exprimés dans la fonction publique d’État, 39 % dans la fonction publique territoriale et 41 % dans la fonction publique hospitalière, situant le vote RN dans les fonctions publiques au même niveau que celui qui est atteint chez les salariés du privé (42 %) ».

    OIT : un rapport sur la couverture sociale dans le monde

    Matière à réflexion. Les gouvernements ne parviennent pas à utiliser pleinement le potentiel de la protection sociale pour contrer les effets de la crise climatique et soutenir une transition juste, selon un nouveau rapport de l'Organisation internationale du Travail (OIT). Ce dernier constate également que les pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique ont souvent les niveaux de protection sociale les plus bas. Que nous dit ce rapport ? Il constate que, pour la première fois, plus de la moitié de la population mondiale (52,4 %) bénéficie d'une forme ou d'une autre de couverture sociale. Ce chiffre est en hausse par rapport aux 42,8 % enregistrés en 2015, année d'adoption des Objectifs de développement durable. Toutefois, dans les vingt pays les plus vulnérables à la crise climatique, 91,3 % des personnes (364 millions) ne bénéficient toujours d'aucune forme de protection sociale. Plus largement, dans les cinquante pays les plus vulnérables au climat, 75 % de la population (2,1 milliards de personnes) ne bénéficient d'aucune protection sociale. Au niveau mondial, la plupart des enfants (76,1 %) ne bénéficient toujours pas d'une protection sociale efficace. Il existe également un écart important entre les sexes, la couverture effective des femmes étant inférieure à celle des hommes (50,1 % et 54,6 %, respectivement). « Ces écarts sont particulièrement importants, étant donné le rôle potentiel de la protection sociale pour atténuer l'impact du changement climatique, aider les personnes et les sociétés à s'adapter à une nouvelle réalité climatiquement volatile et faciliter une transition juste vers un avenir durable », a commenté l’OIT. «Le changement climatique ne connaît pas de frontières et nous ne pouvons pas construire un mur pour empêcher la crise d'entrer. La crise climatique nous affecte tous et représente la menace la plus grave pour la justice sociale aujourd'hui», a déclaré Gilbert F. Houngbo, Directeur général de l'OIT. « Bon nombre des pays qui subissent les conséquences les plus brutales de cette crise sont particulièrement mal équipés pour faire face à ses conséquences sur l'environnement et les moyens de subsistance. Nous devons reconnaître que ce qui arrive aux communautés touchées nous affectera tous (…) La protection sociale universelle est en tête de liste des outils dont nous disposons pour nous aider à faire en sorte que la crise climatique n'aggrave pas les inégalités et l'exclusion existantes dans les communautés touchées », a développé Gilbert F. Houngbo, directeur général de l’organisation. La protection sociale peut aider les gens à s'adapter et à faire face aux chocs liés au climat en fournissant des prestations de protection sociale, telles que la sécurité des revenus et l'accès aux soins de santé. Le rapport constate également des difficultés à financer la protection sociale. En moyenne, les pays consacrent 12,9 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la protection sociale (hors santé). Toutefois, alors que les pays à revenu élevé y consacrent en moyenne 16,2 %, les pays à faible revenu n'allouent que 0,8 % de leur PIB à la protection sociale. Les pays à faible revenu — qui comprennent les États les plus vulnérables aux effets du changement climatique — ont besoin de 308,5 milliards de dollars supplémentaires par an (52,3 % de leur PIB) pour garantir au moins une protection sociale de base, et un soutien international sera nécessaire pour atteindre cet objectif.

    HAS : le bilan 2023 sur les événements indésirables graves associés aux soins

    Mi-septembre, la Haute autorité de santé (HAS) a publié son nouveau rapport sur les évènements indésirables graves associés aux soins (dits EIGS) de 2023. Que dit le rapport ? Le nombre de déclarations reçues à la HAS a augmenté de 71 % entre 2022 et  2023, avec 4083 EIGS enregistrés durant l’année 2023. Pour autant, la HAS estime que cette « augmentation des déclarations ne signifie pas que le nombre d’EIGS augmente en France. Il s’agit très vraisemblablement d'une meilleure connaissance du dispositif de déclarations des EIGS et d'une culture sécurité des professionnels en progression ». « Un peu moins d’un EIGS sur deux a été jugé évitable par les déclarants-es en 2023. Un évènement évitable est défini comme un évènement qui ne serait pas survenu si les soins avaient été conformes à la prise en charge considérée comme satisfaisante », explique la HAS. À l’exception de Mayotte, des déclarations d’EIGS sont faites dans toutes les régions de France. Si l'on rapporte le nombre de déclarations à la taille de la population, on constate que le dispositif est plus dynamique dans les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et Guadeloupe. Toutes périodes confondues (2017-2023), les EIGS déclarés concernent principalement les erreurs liées aux soins ou à l’organisation des soins (28,5 %), les actions du-de la patient-e contre lui ou elle-même (24,3 %) et les erreurs médicamenteuses ainsi que la iatrogénie (12,4 %). La iatrogénie est un trouble ou une maladie qui sont provoquées par le-la médecin, le plus souvent à la suite des traitements prescrits.
    Le rapport détaille différentes situations, dont les risques d’EIGS en lien avec les services d’urgences : 195 cas ont été analysés. Si on regarde le profil des personnes concernées : 57 % sont des hommes (109/192). Principalement des adultes de plus de 20 ans (169/192 ; 88 %), dont 30 % ont entre 60 et 80 ans et 26 % entre 80 et 100 ans. Les causes immédiates les plus déclarées sont les « erreurs liées aux soins ou à l’organisation des soins (51/159), les erreurs en lien avec la clinique et le diagnostic (43/159) et les actions du-de la patient-e contre lui ou elle-même (27/159). Quelles ont été les conséquences pour ces cas ? Mise en jeu du pronostic vital : 10 % (20/195). Probable déficit fonctionnel permanent : 22 % (42/195). Décès : 68 % (133/195). Selon les déclarants-es, les EIGS étaient en grande majorité évitables ou probablement évitables (63 % ; 123/195).
    Autre situation, les EIGS liés à un dispositif médical (DM ; cela va de la barrière de lit aux cathéters, du matériel d’endoscopie aux sondes, etc.) : 1 008 signalements ont été reçus à la HAS entre mars 2017 et le 31 décembre 2023. Qui est concerné-e ? Autant d'hommes que de femmes. Principalement des adultes de plus de 40 ans (813/1 008 ; 81 %). À noter, 6 % (61/1 008) de ces EIGS concernent des enfants de la naissance à 5 ans. Quelles conséquences ? Mise en jeu du pronostic vital : 40 % (407/1 008). Probable déficit fonctionnel permanent : 26 % (261/1 008). Décès : 34 % (340/1 008). Plus de 50 % des EIGS déclarés sont liés à une utilisation inadaptée du dispositif médical et à un geste traumatique lors de son implantation.
    Le rapport fait aussi le point sur les erreurs de diagnostic.
    Que sont les erreursdiagnostiques ? Il s’agit des diagnostics retardés, erronés, manqués ou non communiqués au-à la patient-e.
    Pourquoi y a-t-il des erreurs diagnostiques ? « Le diagnostic nécessite un ensemble complexe d'activités pour recueillir, intégrer et interpréter les informations, et chacune est sujette aux erreurs », indique la HAS.
    À quoi sont-elles dues ? Les erreurs diagnostiques sont très souvent multifactorielles, combinant causes systémiques (procédures, travail en équipe, communication...) et cognitives (connaissances, compétences...).
    La HAS a comparé les données sur les erreurs diagnostiques entre les États-Unis et la France. Aux États-Unis, une personne adulte sur vingt est concernée chaque année. Leur coût annuel est de 100 milliards de dollars. Elles provoquent 64 000 décès évitables par an. Concernant la France, la HAS ne donne qu’une unique donnée : « 50 % des mises en cause en médecine générale entre 2015 et 2017 étaient liées à des problèmes de diagnostic ».
    Concernant les chiffres sur les EIGS, la HAS apporte plusieurs précisions. Les données, concernant les évènements indésirables graves associés aux soins, présentées dans le rapport sont « exclusivement issues de l’analyse des déclarations complètes reçues par la HAS dans le cadre du dispositif de déclaration des EIGS. La qualité de remplissage des déclarations est hétérogène. Ces données déclaratives et non exhaustives ne présentent pas de valeur épidémiologique ou statistique généralisable à l’ensemble de la population ou à des soins pour caractériser des risques sur un secteur d’activité. Ces données éclairent sur les circonstances des accidents déclarés et permettent ainsi d’orienter les recherches de préconisations pour améliorer la sécurité du patient ».

    Maladies transmises par le moustique tigre : risques et impacts

    Le moustique tigre est désormais présent dans 78 départements de France hexagonale. Son implantation augmente le risque d’épidémie de dengue, de chikungunya et de Zika, alerte l’Anses dans un récent communiqué. Dans cette nouvelle « expertise », l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale estime « que la probabilité d’apparition de ces épidémies est assez élevée. Leur survenue pourrait avoir un impact sanitaire ainsi qu’économique et social, notamment sur les secteurs de la santé et du tourisme ». Un chiffre donne un aperçu de la situation. Les cas de dengue et de chikungunya ont augmenté, ces dernières années, en France hexagonale : en 2022, il y a eu 66 cas de dengue autochtone, c’est-à-dire de personnes s’étant infectées localement, soit autant que le nombre total de cas autochtones durant les dix années précédentes. La dengue, comme le chikungunya ou le Zika, est une arbovirose, c’est-à-dire une maladie due à un virus transmis par des « arthropodes » vecteurs, ici des moustiques. À la demande de la Direction générale de la santé, l’Anses a mené une expertise afin d’estimer la probabilité d’apparition en France hexagonale d’épidémies d’arboviroses transmises par les moustiques, ainsi que leurs impacts sanitaires, sociaux et économiques. L’objet de l’étude était le moustique tigre. À l’heure actuelle, les experts-es estiment qu’une épidémie d’arbovirose, tous virus confondus, a une probabilité comprise entre 6 et 7 sur une échelle de 0 à 9 de survenir dans les cinq prochaines années. « On parle d’épidémie à partir du moment où il n’est pas possible de relier toutes les personnes infectées à un foyer. Cela veut dire que les transmissions échappent au dispositif de contrôle », explique Émeline Barrès, de la Direction d’évaluation des risques à l’Anses, l’une des deux coordonnatrices de l’expertise, cité dans le communiqué de l’agence sanitaire. L’apparition d’une épidémie dépend de nombreux facteurs tels que : la présence du moustique tigre sur le territoire (on voit qu’il est présent dans de nombreux départements), des conditions climatiques favorables à leur reproduction (en particulier le cumul de jours chauds sur une période donnée et de précipitations), l’arrivée de personnes infectées en provenance de zones où circulent les virus, ainsi que l’efficacité des mesures de lutte contre les moustiques tigres et la transmission des virus. Le rapport souligne que la gestion de cas d’arboviroses, qu’ils soient importés ou autochtones, requiert des moyens matériels, financiers et humains importants. « Les protocoles de surveillance et de contrôle nécessitent en effet, d’une part, de retracer tous les contacts de la personne infectée au cours des dix jours précédents et, d’autre part, de contrôler les lieux visités par le malade afin d’éliminer les moustiques tigres présents ». Même si les mots sont choisis dans la rédaction du rapport, ce dernier explique clairement que les moyens actuels sont insuffisants, rien que sur le plan de la surveillance. L’agence recommande « d’adapter les moyens aux besoins de prévention, de surveillance et de contrôle des arboviroses ». Elle préconise également la mise en place d’un « plan interministériel de lutte contre ces maladies afin de mieux identifier et coordonner les acteurs impliqués, y compris la mobilisation de la population ». Il va sans dire que dans la situation actuelle le « système de santé serait en tension en cas d’épidémie majeure », c’est-à-dire si de nombreux cas surviennent sur un territoire élargi. Il y a également un risque de saturation si cette épidémie coïncide avec une autre, comme cela a été le cas dans les Antilles en 2020, où une épidémie de dengue est survenue en même temps que celle de Covid-19. Le risque peut aussi exister si l’offre de soins, en particulier les médecins généralistes et les services d’urgence, est déjà saturée, comme cela peut être le cas pendant la période d’activité du moustique. Les experts-es recommandent de « valoriser » les expériences des départements et régions d’Outre-mer en la matière, ce qui semble insuffisamment fait aujourd’hui. Enfin, l’Anses donne quelques conseils pour « éviter la propagation des arboviroses ». Elle conseille, par exemple, de vider régulièrement les coupelles et autres contenants remplis d’eau, pour éviter qu’ils ne deviennent des gites de larves de moustiques ; de recouvrir les récupérateurs d’eau de pluie avec une moustiquaire ; de se protéger des piqûres de moustiques en portant des vêtements longs, amples et clairs et en utilisant des répulsifs. Les personnes arrivant d’une zone où une arbovirose circule doivent également prendre des précautions pour éviter de transmettre les virus : se protéger des piqûres de moustiques ; se signaler auprès d’un-e professionnel-le de santé dès les premiers symptômes évocateurs d’une arbovirose (fièvre, état grippal, etc.).