L’Actu vue par Remaides : « Aux États-Unis, des distributeurs de seringues et de médicaments contre les overdoses font leur apparition »
- Actualité
- 10.12.2024
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Par Jean-François Laforgerie
Aux Etats-Unis, des distributeurs de seringues et de médicaments contre les overdoses font leur apparition
Aux États-Unis, des distributeurs de seringues et de médicaments contre les overdoses font leur apparition. Côté français, on parle des saisies en hausse de cocaïne, d’une nouvelle augmentation du prix du paquet de cigarettes, d’une mission sur la soumission chimique commandée par le gouvernement à deux parlementaires, dont l’une en a d’ailleurs été victime. Sur cette question d’ailleurs, l’Ordre des médecins appelle à rembourser les tests de dépistage. La rédaction de Remaides fait le point sur les infos du moment sur les drogues et produits.
RDR : des distributeurs de seringues et de médicaments contre les surdoses font leur apparition aux Etats-Unis
En vingt-cinq ans, près de 700 000 Américains-es sont morts d'une overdose d'opioïdes, rappelle un article publiée sur le site Slate.fr (18 novembre) par Héloïse Robert. Des États ont été davantage touchés que d’autres. Certains ont décidé d’agir en renforçant l’offre préventive. C’est le cas du Massachusetts et particulièrement de la ville de North Adams où a été installé, devant le centre Berkshire Harm Reduction, dont l'objectif est de réduire les effets liés à la consommation de drogues, un « distributeur inhabituel » où l’on trouve des seringues stériles, des pipes à crack, de la méthamphétamine et du Narcan, un spray nasal à base de naloxone permettant de traiter en urgence une personne victime d’une surdose d'opioïdes. « Ces produits ne sont accessibles qu'aux patients du Berkshire Harm Reduction qui disposent d'un code spécial. Le distributeur a été installé en août. Il est vu comme une nouvelle stratégie dans la politique de gestion des drogues aux États-Unis », explique l’article de Slate.fr. Le Department of Public Health du Massachusetts a investi dans quatorze distributeurs en 2023, mais, du fait de contentieux avec des riverains et de diverses contestations ; seul celui du Berkshire Harm Reduction à North Adams fonctionne à ce jour.
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Prix du tabac : les paquets de cigarettes bientôt à 13 euros ?
Initialement prévue en 2027, la hausse du prix du paquet de cigarettes de 12 à 13 euros pourrait entrer en vigueur dès 2025. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2025), qui n'a pas pu être examiné jusqu'au bout à l'Assemblée nationale, a débarqué lundi 18 novembre au Sénat et a pour principal objectif de redresser les comptes publics, rappelle l’AFP. Parmi les pistes, on retrouve l’augmentation du prix du paquet de cigarettes qui passerait à treize euros. Le gouvernement prévoyait initialement de faire passer le paquet de cigarettes de 12 à 13 euros en 2027 mais le calendrier pourrait s'accélérer. Une sénatrice du centre-droit propose d'appliquer ce tarif dès 2025. Le mécanisme est simple : augmenter les taxes sur le tabac de 6 % à partir de mars 2025, ce qui permettrait à l'État de dégager 700 millions d'euros. Reste que le but premier est bien de freiner la consommation des douze millions de fumeurs en France. Au total, plus de 180 amendements déposés par les sénateurs mentionnent le tabac, rappelle Le Point. D'autres pistes évoquées à l'Assemblée nationale pour réduire la dette publique pourraient ressurgir comme par exemple l'augmentation de 10 % de la fiscalité sur le tabac pendant trois ans.
France : près de 45 tonnes de cocaïne déjà saisies en 2024
Près de 45 tonnes de cocaïne ont déjà été saisies en 2024 en France, soit le double des saisies de 2023, a indiqué mercredi 20 novembre le directeur général de la police nationale. Sur les dix premiers mois de l’année, « 44,8 tonnes » de cocaïne ont été saisies par les services français de lutte contre le trafic de stupéfiants, contre 23,2 tonnes sur l’ensemble de l’année 2023, a précisé Louis Laugier, auditionné par une commission au Sénat. Les saisies de « nouvelles drogues » sont « également en forte hausse » par rapport à 2023, a-t-il ajouté, citant notamment une augmentation de « 33 % pour les amphétamines et méta-amphétamines ». Sur le premier semestre 2024, il relève, en revanche, une baisse du nombre de victimes de règlements de comptes, avec 43 morts en 2024, contre 72 sur la même période de l’année 2023. Au total, « 80 à 90 % de ces règlements de comptes sont liés aux trafics », a-t-il précisé. La police a interpellé « plus de 18 100 trafiquants en 2023 » et « déjà 17 300 sur les dix premiers mois de l’année 2024 », a détaillé Louis Laugier.
Affaire Palmade : contre les raccourcis et les stéréotypes sur les usages de drogues
Le procès de Pierre Palmade s’est tenu le 20 novembre dernier sur une journée, devant la cour criminelle de Melun. Pierre Palmade a été condamné à 5 ans de prison, dont deux de prison ferme, pour l’accident qu’il a causé en février 2023 qui a fait plusieurs blessés graves. La condamnation a été prononcée avec mandat de dépôt différé. « Vous serez très prochainement convoqué par le procureur de Bordeaux (où il réside désormais, ndlr) qui déterminera la date et l'établissement pénitentiaire dans lequel vous exécuterez deux ans de détention », a expliqué le président du tribunal à Pierre Palmade, cité par l’AFP. Le jugement est conforme aux réquisitions du parquet. « C'est bien la faute de conduite de monsieur Pierre Palmade qui est la cause directe de tous les dommages subis par les victimes », avait souligné la procureure. Les victimes subissent aujourd'hui encore de lourdes séquelles physiques et psychologiques.
À l’occasion de ce procès, la Fédération Addiction est revenue sur un des aspects de cette affaire qui remonte à février 2023 : le traitement dans les médias. « Au-delà de l’indignation légitimement suscitée par l’accident tragique causé par Pierre Palmade en février 2023, cette affaire a engendré dans les semaines qui ont suivi de nombreuses réactions parfois déplacées », rappelle la Fédération Addiction. Elle a donc souligné « l’importance d’un traitement informé et responsable des questions liées aux drogues ». « Faire progresser la prévention, la santé publique et la réduction des risques appelle à un traitement médiatique qui dépasse les stéréotypes pour mieux comprendre les réalités de la consommation et des dépendances », explique-t-elle.
La député MoDem Sandrine Josso chargée d'une mission sur la soumission chimique
La députée avait porté plainte contre le sénateur (Les Indépendants République et Territoires) Joël Guerriau qu’elle accuse de l’avoir droguée. Cette mission sera également conduite par Véronique Guillotin, sénatrice RDSE (Rassemblement démocratique et social européen). La commande officielle émane du Premier ministre et porte sur une mission traitant de la soumission chimique. Le rapport et ses recommandations sont attendus en mai prochain, selon l’AFP. Le gouvernement avait annoncé, début octobre, la relance de cette mission, créée en avril par l'exécutif précédent. La soumission chimique consiste en l'administration de substances psychoactives à une personne à son insu, à des fins notamment d'agression et de viol. Un décret du Premier ministre en date du 15 novembre officialise cette mission « ayant pour objet la soumission chimique comme forme de violence faite aux femmes ». Les deux parlementaires travailleront au côté de Salima Saa, secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes. « Il est essentiel d'approfondir l'analyse de l'ampleur du phénomène de soumission chimique et de se concentrer sur l'amélioration des stratégies préventives en évaluant l'efficacité des mesures actuellement en place et, le cas échéant, en proposant des recommandations visant à renforcer la lutte contre cette problématique, qu'elle soit d'ordre psychologique ou liée à l'usage de substances », indique le courrier adressé par Michel Barnier aux deux parlementaires.
Soumission chilique : l'Ordre des médecins appelle à rembourser les tests de dépistage
Le Conseil national de l’Ordre des médecins français a appelé jeudi 24 octobre les pouvoirs publics à rendre « accessibles et remboursables » les tests permettant de détecter une soumission chimique, y compris sans dépôt de plainte, pour améliorer la prise en charge des potentielles victimes. La soumission chimique consiste en l’administration de substances psychoactives à un individu, souvent une femme, à son insu, à des fins notamment d’agression et de viol. Aujourd’hui, le coût des « tests et analyses » permettant de détecter ces substances peut « atteindre 1 000 euros », et « l’unique façon de voir ces tests remboursés est de déposer plainte », déplore l’Ordre des médecins dans un communiqué, cité par l’AFP. « Or, les personnes victimes de soumission chimique le font peu, en partie en raison de l’amnésie qui peut survenir lors de l’administration. De nombreux facteurs compliquent considérablement la démarche de dépôt de plainte et rendent d’autant plus nécessaire une intervention de dépistage précoce et accessible à tous les patients-es, sans conditions de ressources », poursuit-il. De plus, ces tests « ne peuvent être réalisés que dans des laboratoires de toxicologie experts ». « Les médecins, souvent en première ligne pour recevoir et accompagner ces victimes, doivent être formés à identifier les signes de soumission chimique, mais surtout disposer des outils nécessaires pour en confirmer la présence », plaide encore l’Ordre. Prendre en charge ces tests sur prescription médicale via l’Assurance maladie « permettrait d’encourager plus de victimes à se faire dépister rapidement, et ainsi de renforcer leur accès à la justice et aux soins appropriés », insiste-t-il, soulignant « la gravité et l’urgence » de ce « problème de santé publique ».
Cigarette électronique : une nouvelle taxe sur les liquides de vapotage ?
Le député Charles de Courson (Liot) a déposé un amendement pour la création d’une nouvelle taxe sur les produits de vapotage. Si elle était adoptée, cette mesure ferait considérablement augmenter le prix des liquides pour cigarette électronique, mentionne l’AFP. Son texte prévoit un surcoût de 15 centimes par millilitre sur les liquides que les utilisateurs-rices achètent et insèrent dans leur cigarette électronique. Une telle mesure augmenterait considérablement le prix de ces produits. Le flacon de 10 ml coûte actuellement entre 4,50 € et 6 € en moyenne. Avec cette nouvelle taxe, son prix s’élèverait entre 6 € et 7,50 €, soit une hausse d’environ 30 %. Pour rappel, les liquides de vapotage ne sont aujourd’hui soumis qu’à la TVA. Cet impôt pourrait rapporter entre 150 et 200 millions d’euros à l’État par an. En France, près de 3,5 millions de personnes vapotent. Cette proposition n’enthousiasme pas certains spécialistes de la prise en charge du tabac. Pour Bernard Basset, président de l’Association Addictions France, cité dans Ouest France, la mesure risque de réduire l’impact positif de la cigarette électronique sur la consommation de tabac en France et donc d’aller à l’encontre « des objectifs de santé publique ». « C’est un moyen assez efficace pour un certain nombre de fumeurs d’abandonner leur consommation », a-t-il d’ailleurs commenté à BFM Business.
La mesure a cependant le soutien d’autres spécialistes comme Yves Martinet, président du comité national contre le tabagisme. Interrogé par France Bleu Sud Lorraine, l’addictologue a expliqué être « favorable à une taxation du liquide contenu dans la vapote ». « Cela peut être un bon moyen pour que nos jeunes n’entrent pas dans l’addiction à la nicotine par le biais de la vapote. Elle se présente sous la forme de sel maintenant et elle est beaucoup plus addictive », a-t-il commenté.